En fait, malgré le titre de mon billet, je vais donner mes impressions, qui n’impliquent que moi évidemment, sur l’avenir et le succès de la RadioDNS. En tant qu’auditeur je tiens à spécifier. Je spécifie « en tant qu’auditeur » parce que j’ai l’impression que cette technologie va être davantage profitable pour les diffuseurs que pour les auditeurs. Je m’explique.
Tout d’abord, je dois dire que j’ai été attiré par un billet d’un animateur-radio de métier, Simon Forgues, qui nous présente les possibilités de cette nouvelle technologie et combien cette dernière pourrait donner un nouveau souffle aux radios sur la bande FM : http://simonforgues.blogspot.com/2011/03/la-radiodns-la-fm-reinventee.html. J’ai visionné par ailleurs deux clips sur YouTube qui nous explique comment cette technologie fonctionne :
Grossièrement, il s’agit d’une technologie qui utilise des appareils radios pouvant à la fois recevoir des ondes hertziennes (comme les ondes FM) et aussi avoir un accès à internet afin d’obtenir de l’information sur la pièce et l’artiste joués en cours, des informations complémentaires comme les biographies d’artistes, ainsi que des publicités, des promotions et des concours.
Je crois que cette nouvelle idée à prime abord intéressante devrait obtenir un succès au mieux mitigé. Il convient de dire que cette technologie ne sera jamais autorisée pour les radios d’autos par Transports Canada et la SAAQ. Imaginons quelques secondes des voitures équipées de RadioDNS qui vont afficher du texte, des publicités et des concours. Les conducteurs vont avoir tendance à consulter leur écran et quitter les yeux de la route, ce qui est très dangereux. La SAAQ en ce moment fait des pieds et des mains dans leurs dernières publicités pour dissuader les conducteurs de faire du texto avec leur téléphone intelligent tout en roulant. Sachant que les gens écoutent beaucoup la radio en allant travailler, en allant reconduire les enfants à l’école ou en allant faire les courses, les diffuseurs vont devoir se priver d’une bonne part de l’apport de cette nouvelle technologie. Au travail, il convient également de dire que cette technologie ne s’appliquera pas parce qu’elle va engendrer distractions et perte de temps quand, dépendamment du type de travail, ça va être carrément impossible. Par exemple, une musique d’ambiance dans un bureau ou une usine. Donc, la clientèle visée est celle ne conduisant pas, écoutant la radio avec leur téléphone cellulaire ou à la maison avec un appareil compatible avec la technologie RadioDNS. Disons que ça limite pas mal l’exploitation de cette technologie.
Par ailleurs, la question que je me pose est la suivante. Les diffuseurs ne voudront-ils pas profiter de cette technologie pour la rentabiliser à tout prix en nous garrochant de la publicité et des concours plutôt que des infos utiles pour l’auditeur et l’auditrice. Déjà que nous sommes bombardés de publicité un peu partout, je ne voudrais pas payer en plus pour de la connexion internet qui a servi à recevoir de la publicité et des infos dont je ne voulais pas avoir. Les tarifs de connexion internet sont assez dispendieuses et je ne voudrais pas recevoir des trucs dont je ne veux pas. Que vais-je faire alors? Fermer mon cellulaire et écouter la radio de façon plus traditionnelle ou encore écouter des cd et des mp3. Ou encore activer la fonction pour ne plus recevoir les pubs et les infos. Dépendamment de la réaction des auditeurs à la RadioDNS, je me demande si, au fond, les diffuseurs vont vouloir investir tant que ça dans un beau projet avec une petite portée. Les pages Facebook et sites internet des diffuseurs font déjà ou peuvent potentiellement faire cette job tout en étant somme toute plus conviviale et pouvant rejoindre un potentiel plus grand de gens. Tout compte fait, ça me fait penser un peu, comme problématique, au peu de succès du AM stéréo dans les années 80. Intéressant à prime abord parce que la qualité sonore était améliorée mais qui voulait écouter de la musique qui griche en stéréo à chaque fois qu’on passait sous un viaduc des lignes à haute tension? La RadioDNS, un beau projet avec du potentiel mais avec une application plus restreinte qu’il n’y paraît à prime abord. Est-ce que les auditeurs vont embarquer? Est-ce que les diffuseurs vont embarquer? Pas si sûr que ça.
« Ton évaluation n’est pas tout à fait juste quant aux coûts supplémentaires pour les radiodiffueurs puisque le serveur RadioDNS est commun, c’est un consortium. Donc, grâce aux métadonnées, que la chanson de Rod Stewart joue à WTRF ou à CJRC, le serveur fournit à partir d’une base de données l’information correcte.
…
On ne fait finalement que faire de l’hybridation qui, au risque de me répéter, n’empêche pas l’auditeur d’écouter la radio sans faire exploser sa facture d’Internet, comme tu sembles le craindre.
Je ne vois d’ailleurs pas comment on pourrait faire exploser sa facture d’Internet en arrêtant d’écouter un streaming MP3 de 64 kbps (64 kilobits à la seconde) pour écouter de la radio FM qui ne prend aucune bande passante et qui, au pire, vous enverra une page ou une image de quelques dizaines de kilooctets par chanson de trois minutes ou, mettons ça au pire, une centaine de ko par soixante secondes. Pas 64 kbps, là. Une centaine de ko peut-être à la minute. »
J’en conviens que si on s’en tient au titre et à l’interprète d’une chanson avec une image aux trois minutes, ça ne demandera pas grand bande passante et ça ne coûtera pas grand-chose de plus. Mais mon point n’était pas à ce niveau. Je pensais aux autres possibilités : les pubs, les promos, les concours et autres possibilités. Ça va sûrement demander plus qu’une centaine de ko à la minute, surtout si c’est animé. En plus, c’est de la distraction. Les écrans de divertissements auxquels tu fais référence sont situés au minimum sur l’arrière des appuis-têtes des sièges avant. Pour ce qui est des coûts des diffuseurs, si on se limite encore à l’identification des pièces, ça ne fait pas un service onéreux. Mon point encore ici fait référence aux nombreuses autres possibilités dont tu énumères dans ton billet et dont je cite ici » Quel genre d’information pourrait-on offrir ? Les possibilités sont nombreuses.
Vous pourriez diffuser en même temps qu’une publicité, un coupon-rabais virtuel que l’auditeur peut garder dans les « tags » de son téléphone et présenter au comptoir du restaurant en question pour obtenir un produit gratuit.
On peut aussi penser à des hyperliens vers du contenu en ligne (biographies d’artistes, photos, baladodiffusion, etc.). On pourrait même carrément afficher des cartes météorologiques directement sur l’écran de l’appareil pendant le bulletin de météo ou encore les paroles d’une nouvelle chanson d’un artiste connu.
Vous pourriez aussi, au moment où vous invitez les auditeurs à participer à un concours, inclure dans votre signal une métadonnée qui dicte au téléphone de composer le numéro de la ligne concours sur simple pression du doigt dur l’écran tactile. Bref, les capacités liées à ce procédé son immenses. » C’est très fascinant tout ça et gageons que la raison pour laquelle la BBC et Clear Channel sont partenaires du projet, ce n’est pas simplement pour faire afficher des titres de chansons. Sinon, le système RDS fait très bien le travail. On va chercher à rentabiliser les opérations des stations radio avec des promos, des pubs. Si on est capable d’avoir des pubs animés, avec le son de la radio conventionnelle en plus, je ne verrais pas pourquoi les stations de radio voudraient se priver d’investir dans ces promos ou pubs pour retirer des bénéfices. Et ça, ça va coûter plus qu’une centaine de ko à la minute pour l’auditeur. C’est évidemment moins que du streaming, mais sur un cellulaire, au prix chargé par les compagnies de téléphone, on ne s’en rendra pas trop compte mais la facture va monter. J’en conviens que c’est différent en Europe et aux USA où les forfaits de cellulaires et internet sont nettement moins dispendieux. Est-ce que les consommateurs canadiens vont suivre la vague RadioDNS? On verra mais je ne trouve pas ça si évident que ça.
Les gens écoutent la radio dans l’auto et au travail principalement, deux endroits où l’implantation de la technologie RadioDNS va avoir du mal à s’implanter pour les raisons que j’ai décrites dans mon billet original. Ça va toucher davantage les utilisateurs de cellulaire, de téléphones intelligents, de IPad et d’appareils de table domestiques. À moins bien sûr que la SAAQ et Transports Canada ne voient aucun problème à ce qu’un conducteur réponde à une question sondage sur l’écran tactile de son auto-radio, tout en conduisant ou que ce même conducteur soit distrait par les pubs affichés sur ce même appareil. Cette technologie devrait connaît un succès de niche pour les gens branchés qui utilisent les appareils derniers cris et vont accepter de payer pour ce service. Pour les autres, ça viendra peut-être à la longue… Qu’en pensez-vous M. Duval?
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Je te réponds ici Simon parce que, comme ta réponse est quand même longue (et ce n’est pas du tout un reproche loin de là) sur Facebook et ça fait souvent que ce dernier a la fâcheuse habitude (avec Firefox du moins) de n’afficher qu’une boîte de réponse d’une ligne de sorte que je ne suis pas capable de lire ce que j’écris, ne serait-ce que pour corriger mes fautes de frappe. C’est gossant. D’ailleurs, je vais retranscrire ici ta réponse et j’irai de la mienne ensuite.
« Quelques points que jai omis de mentionner dans mon billet, pas tant par oubli comme par manque de temps :
D’abord, il importe de mentionner que la technologie Radio DNS n’est pas que destinée à la FM, comme pourrait malheureusement le laisser croire mon billet, mais aussi autres types de radio comme la DAB par exemple qui sera entièrement déployée en Grande-Bretagne dans un horizon de plus ou moins cinq ans, et même le AM quoique de moins en moins présent chez nous.
Ensuite, il faut dire que la RadioDNS est actuellement en déploiemet là-bas et reçoit d’ailleurs à ce jour un accueil très intéressant des Britanniques. Il reste certes du chemin à faire mais ça progresse.
Un point qu’il importe de mentionner, c’est que, d’une part le RDS est déjà présent dans la majorité voire même la totalité des nouveaux véhicules, et qu’en plus, pas mal tous les ministères des transports en Amérique du Nord acceptent les cenres de divertissement dans les véhicules pour peu que le conducteur ne puisse, lui, le voir. Cela étant dit, je ne vois pas en quoi l’affichage d’une image surdimensionnée sur un écran de RadioDNS serait pire que de visionner une carte à peine lisible sur un Garmin ou un TomTom.
J’en conviens, c’est discutable, mais ce n’est pas d’abord dans une optique de « motorisation » que ce concept a été pensé mais plutôt pour mettre à profit les lecteurs MP3 ou encore les cellulaires à leur pleine capacité.
Ce que les gens ne savent pas, c’est que la majorité des téléphones actuellement commercialisés disposent à la fois duchipset.
Donc, les cellulaires disposent du chipset FM et RDS mais, le problème, c’est que les fournisseurs de téléphonie demandent aux manufacturiers de ne pas les activr afin, croient-ils, de forcer les gens à adhérer à des forfaits de données à des coûts prohibitifs.
Mais, ce dont ils se rendent de plus en plus compte, avec les WiFi de plus en plus répandus, c’est que les gens ne veulent pas nécessairement des plans de données dispendieux pour pouvoir écouter du streaming.
Or, avec la RadioDNS, c’est comme de ménager la chèvre et le chou. Les gens peuvent encore écouter la radio FM sur iPod nano, cellulaire et autres, et s’ils le veulent, quoi qu’ils n’!y sont pas obligés, active ou non la fonction de contenu évolué.
Ton évaluation n’est pas tout à fait juste quant aux coûts supplémentaires pour les radiodiffueurs puisque le serveur RadioDNS est commun, c’est un consortium. Donc, grâce aux métadonnées, que la chanson de Rod Stewart joue à WTRF ou à CJRC, le serveur fournit à partir d’une base de données l’information correcte.
Ce n’est pas une révolution en soi, j’en conviens, mais bien une évolution, un genre de mutation d’un médium qui a de l’âge, certes, mais qui demeure néanmoins encore très présent et apprécié, la radio.
D’ailleurs Carl, quand je vois la BBC et Clear Channel, plus importante compagnie de radio en Amérique, parmi les partenaies qui travaillent au projet, j’estime qu’on est déjà dans l’industrie rendu bien au-delà de l’accueil mitigé.
On ne fait finalement que faire de l’hybridation qui, au risque de me répéter, n’empêche pas l’auditeur d’écouter la radio sans faire exploser sa facture d’Internet, comme tu sembles le craindre.
Je ne vois d’ailleurs pas comment on pourrait faire exploser sa facture d’Internet en arrêtant d’écouter un streaming MP3 de 64 kbps (64 kilobits à la seconde) pour écouter de la radio FM qui ne prend aucune bande passante et qui, au pire, vous enverra une page ou une image de quelques dizaines de kilooctets par chanson de trois minutes ou, mettons ça au pire, une centaine de ko par soixante secondes. Pas 64 kbps, là. Une centaine de ko peut-être à la minute.
Calcule comment tu bouffes de bande passante à 64 ou pire encore à 128 toute la journée si t’écoutes le streaming au bureau, et tu comprendras pourquoi l’idée a de quoi séduire. »
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